Plan-les-Ouates est devenue un haut lieu de l’industrie horlogère.

Plan-les-Ouates table sur l’événementiel

05.11.2023
11 l 2023

En pleine croissance depuis une dizaine d’années en périphérie de Genève, la commune de Plan-les-Ouates mise sur l’horlogerie et ses filières pour se profiler. Mais sans mettre nécessairement l’accent sur le marketing.

Des dizaines d’ouvriers redoublent d’efforts en ces derniers jours d’été indien pour que puisse être inaugurée à temps, le 9 décembre prochain, l’extension de la ligne 15 du tram en direction de la zone industrielle de Plan-les-Ouates, qu’on appelle communément ici ZIPLO. Ce prolongement est devenu depuis quelque temps déjà indispensable pour améliorer le quotidien des pendulaires qui s’y rendent pour travailler ou étudier. «Notre commune attend ce tram depuis longtemps et la mobilité douce est un défi que nous prenons à bras le corps», explique Xavier Magnin, conseiller administratif de cette cité suburbaine peuplée de 12 000 habitants. Une population qui a quasi quadruplé depuis 1970.

Evénementiel plus que marketing

D’abord agricole, Plan-les-Ouates est devenue en une décennie un haut lieu de l’industrie horlogère et de la manufacture de luxe en Suisse, héritant même du surnom de «Plan-les-Watches». Selon l’annuaire statistique suisse 2023, elle se classerait au second rang des villes du pays en proportion d’emploi dans l’horlogerie et les instruments de mesure avec 52%. C’est dire si cette liaison directe du tram, notamment avec la gare de Cornavin, est cruciale, et les entreprises demanderesses. Elles sont nombreuses dans cette ZIPLO en périphérie de Genève, 600 environ, dont des marques célèbres qui concentrent ici leurs outils de production: Rolex, Piaget, Patek Philippe, Vacheron Constantin, Frédérique Constant. De multiples sous-traitants et centres de formation ont pris également leurs quartiers dans cette zone devenue en quelque sorte une ville en soi avec des restaurants et des supermarchés, ainsi qu’un dépôt pour les aficionados du second hand. Au surplus, l’Ecole d’horlogerie de Genève vient d’y emménager ses classes pour environ 300 élèves.

Pour autant, Plan-les-Ouates «ne fait pas de marketing», précise bien Xavier Magnin, chargé d’entretenir les liens et bonnes relations avec les entreprises. Lui préfère utiliser le terme de promotion économique. «Nous soutenons ces compagnies en les mettant en valeur sous l’angle événementiel», éclaire-t-il. Grosse campagne de communication à l’appui, Plan-les-Ouates leur consacre chaque année une Journée spéciale. Des visites pour sensibiliser les élèves aux métiers de l’horlogerie sont aussi organisées. Un engagement de longue date pris en faveur du tissu industriel. «De façon structurelle d’abord en accueillant ici cette zone industrielle, puis en discutant avec les représentants des entreprises». La ZIPLO profite également de sa proximité avec l’autoroute de contournement de Genève, reliant la France, l’aéroport et le canton de Vaud, ce qui la rend d’autant plus attractive.

«Nous soutenons ces compagnies en les mettant en valeur sous l’angle événementiel.»

Xavier Magnin, conseiller administratif Plan-les-Ouates

«Autour du temps»

Mi-octobre et pour la seconde fois après 2021, la commune a mis les petits plats dans les grands en organisant pour ces firmes, et pour le grand public en général, des «Journées du savoir-faire horloger» baptisées «Autour du temps». Au programme plus d’une centaine de visites, une exposition, des conférences, des ateliers et un parcours horloger pour initier les jeunes en quête de débouchés. L’occasion de visiter durant un week-end prolongé – de jeudi à samedi – près d’une vingtaine d’entreprises implantées dans ce cadre un peu futuriste. Hormis de gros groupes mondialement connus, des dizaines de microentreprises s’y sont également implantées. Souvent des sous-traitants de l’horlogerie et du luxe.

Parmi les inscrits à ces visites, des parents et leurs enfants avides d’obtenir des informations pour trouver des places d’apprentissage ou s’enquérir des filières de formation. Directeur de l’Ecole d’horlogerie de Genève, qui inaugure en ce mois de novembre son nouveau bâtiment en plein cœur de cette zone industrielle, Pierre Amstutz fait le tour du propriétaire en commençant par l’atelier de micromécanique. «De la main-d’œuvre manque dans l’horlogerie avec près de 5000 postes à pourvoir», lâche-t-il. De quoi aiguiser les appétits. Moins concernés mais très curieux, des retraités passent d’un bâtiment à l’autre, invités à pénétrer dans ces tours érigées en enfilade à la lisière de la commune.

Retour sur les rentrées fiscales

La population locale ne boude pas son plaisir en découvrant, outre les dessous des grandes marques, là un concepteur de composants 3D officiant pour de nombreuses firmes présentes ici, ou là encore une société spécialisée dans l’analyse horlogère. «Nous montrons leur savoir-faire. C’est un juste retour sur leurs contributions fiscales, lesquelles permettent à notre commune de développer des activités utiles à la population», relève Xavier Magnin. Par exemple dans le social, la culture, les sports, l’environnement. Plan-les-Ouates a engagé deux collaborateurs pour mieux communiquer et promouvoir ses activités. «Dès 2024, cette capacité sera augmentée pour répondre à la demande et aux besoins», annonce-t-il. Notamment pour doper sa visibilité sur les réseaux sociaux et satisfaire une population avide d’en savoir davantage sur la mobilité et l’urbanisation. Mais pas de poste dédié stricto sensu au marketing.

En revanche, une place de délégué à la promotion économique a été créée pour mieux saisir les besoins des entreprises. Travail qui, selon l’élu, «comporte une part de marketing territorial en promouvant l’attractivité de la zone industrielle et en facilitant les relations interentreprises». Les autorités veillent à ce que ce développement économique se réalise de manière cohérente en minimisant les conséquences pour la population, notamment en termes de trafic. «L’opération Autour du temps s’inscrit dans cette démarche de mise en valeur, d’explications et de connaissance pour le grand public», conclut le conseiller administratif.  

Alain Meyer
Collaborateur libre