Le ramassage des déchets alimentaires opère sa mue digitale
Le développement durable passe par une optimisation du ramassage des déchets alimentaires, de plus en plus souvent digitalisé. Entre Vaud et Valais, des communes confient ce service à GastroVert.
L’avènement des «villes intelligentes» (Smart Cities) implique de penser les communes en y intégrant des technologies innovantes et cohérentes. Depuis 2011, la société Satom SA à Monthey/Villeneuve déploie en Valais et dans le canton de Vaud l’application GastroVert, un service de gestion optimale des déchets alimentaires au moyen notamment d'interfaces informatiques. D’ici peu, près de 35 communes en seront équipées dans une zone entre le Bas-Valais, la Riviera vaudoise et le Pays-d’Enhaut. Avec des extensions vers le Valais central et le Haut-Valais en collaboration avec la déchetterie d'Uvrier.
Ménager l’environnement et le portemonnaie
Sur demande des communes, des bacs de 180 litres pouvant contenir en moyenne 85 kilos de déchets ont été installés pour les ménages. Le système calcule le taux de remplissage des bacs et déclenche automatiquement l’ajout de ceux-ci à la collecte du prochain jour. Des bacs de 140 litres sont installés auprès des professionnels de la restauration qui en font la demande. Ceux-ci peuvent, au moyen de l'interface informatique, requérir une collecte ou en demander la suspension. Ces ramassages ont lieu chaque jour ouvrable de la semaine. Le transporteur a toutes les informations à sa disposition sur une tablette et saisit en temps réel les opérations effectuées.
En favorisant l'élaboration optimale des tournées, les déplacements sans raison peuvent ainsi être évités, d'où des gains au niveau environnemental mais également financiers. Malgré la fermeture des cafés et restaurants à cause de la pandémie, quelque 5000 tonnes de déchets ont été collectées l’an passé. Mais jusqu’à 10'000 tonnes pourraient être ramassées potentiellement.
Les communes proposent des cartes électroniques à leur population
En Valais, plusieurs collectivités publiques profitent déjà de ce système informatique incluant à la fois usagers, communes, transporteurs et gestionnaires de déchets. Chaque commune dispose de son propre accès qui lui permet d'attribuer les cartes à ses citoyennes et citoyens et, par exemple, de suivre l'usage de chaque point de collecte pour en optimiser la répartition sur le territoire. Avec quels résultats pour les communes de Saillon et de Vétroz? La gestion des déchets figure bien en évidence sur la page d’accueil du site Internet de Saillon (VS), commune d’un peu moins de 3000 âmes. Introduit depuis 2019, GastroVert y a été plébiscité par une population préalablement sondée. « Notre souhait était de trouver la meilleure méthode de revalorisation possible pour l’élimination des restes d’aliments », confirme Sabine Crettenand, collaboratrice administrative. Dans sa commune, les restes alimentaires sont regroupés dans des conteneurs fermés et accessibles à tout le monde à pied. Un service compris dans la taxe de base. S’y ajoute la distribution de cartes électroniques d’accès à usages multiples permettant aux personnes établies à l’année et aux résidences secondaires d’être les seules à avoir le droit d’utiliser ce service.
Moins de circulation
«Environ 50% des ménages adoptent GastroVert quelques mois après son introduction», estime-t-on chez Satom. Dans certaines villes, une majorité des restaurants y adhérent déjà. Pour Sabine Crettenand, ce service optimise la desserte dans les quartiers de Saillon en retirant en temps opportun les sacs compostables. Ce qui évite de les ramasser quand les bacs sont à moitié vides. «Cela réduit également la circulation». La population peut aussi interagir en informant Satom par smartphone, au moyen d'un QR Code, si des pannes interviennent. De plus, des améliorations sont toujours apportées au système. Un pédalier pour ouvrir les bacs sans contact manuel a été monté pour se prémunir de la pandémie.
Anticiper les ramassages
Si la commune de Saillon ne réalise pas à proprement dire une grande économie avec l’usage de GastroVert, elle bénéficie en revanche d’un gain au niveau de la gestion des pannes, «cette prise en charge étant réalisée à distance par le fournisseur», note Sabine Crettenand. Mais les grands gagnants sont surtout les consommatrices et consommateurs qui ne jettent plus leurs restes d’aliments dans des sacs taxés comme jadis. «Un ménage de Saillon économise quelque 50 francs par année», estime-t-elle. Elle relève encore que GastroVert «permet d’anticiper, surtout vers la fin de la semaine, si les conteneurs doivent être prélevés avant le week-end ou pas».
Une fois réceptionnés, les déchets sont contrôlés par Satom, qui préconise en moyenne un point de collecte pour environ 150 ménages. Pour les 9000 ménages de la ville de Monthey par exemple, 50 emplacements ont été équipés et une dizaine d’autres devraient suivre en 2021, par souci de proximité.
Valoriser les déchets
A Vétroz, le président de la commune Olivier Cottagnoud est lui aussi très satisfait d’avoir introduit GastroVert depuis deux ans. «Ce système ne nous a occasionné jusqu’ici aucun souci», confie-t-il. La qualité du tri est bonne avec une meilleure évaluation des taux de remplissages et une optimisation des tournées. «Au départ, notre motivation était orientée vers une meilleure valorisation des déchets ménagers alimentaires plutôt que d’opérer une véritable mue digitale», précise-t-il. Olivier Cottagnoud soutient que GastroVert permet une meilleure évaluation des emplacements pour les collectes de déchets en fonction de l’adresse des utilisateurs du système.
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