Syndic Martin Moosmann (à gauche) et Peter Grünig du Conseil général de Courtepin devant l’administration communale.

Courtepin: transition vers le parlement communal

16.04.2024
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Suite à une initiative populaire, la commune fribourgeoise bilingue de Courtepin dispose depuis 2021 d’un Conseil général. Le passage de l’Assemblée communale à un parlement s’est déroulé rapidement, comme le soulignent Peter Grünig, le président du Conseil général 2023-2024, et le syndic Martin Moosmann. Le système parlementaire dans cette commune de 5700 habitants en est encore à ses balbutiements. C’est pourquoi l’exemple de Courtepin est justement intéressant.

Tout est allé subitement très vite: en septembre 2020, la population de Courtepin (FR) a voté à une majorité de 67% en faveur de l’introduction d’un Conseil général, soit un parlement communal. Six mois plus tard, le 7 mars 2021, ses 50 membres étaient élus et siégeaient le 28 avril 2021 à l’occasion d’une assemblée constitutive. Depuis, la commune s’habitue au nouveau modèle politique. Tout n’est de loin pas encore parfait, conviennent de concert Martin Moosmann, syndic, et Peter Grünig, président du Conseil général en 2023 et 2024, lors d’un entretien avec «Commune Suisse». Beaucoup de choses ont néanmoins déjà bougé lors de cette première législature.

La commune actuelle de Courtepin, nichée dans un paysage vallonné entre Fribourg et Morat, est le fruit d’une fusion effectuée en 2017 avec plusieurs villages environnants. 78% dès quelque 5700 habitantes et habitants sont francophones et environ 22% germanophones. Courtepin est la seule commune officiellement bilingue dans le canton bilingue de Fribourg, relève non sans fierté le syndic Martin Moosmann. L’initiative en faveur d’un Conseil général a été lancée par la population après la fusion, dans l’idée d’avoir une représentation professionnelle dans cette commune ayant connu une forte croissance.

Les partis politiques restent en retrait

L’élection du Conseil général a suscité un grand intérêt: 99 personnes ont été candidates pour les 50 sièges. «Nous avons dû approcher activement de potentiels candidats», se souvient Peter Grünig. Mais il n’a pas été très difficile de trouver des personnes intéressées, peut-être aussi parce que c’était la première élection et qu’il y avait une certaine euphorie de départ. «Courtepin n’était et n’est toujours pas une commune politisée», ajoute Martin Moosmann. Cela signifie que les partis établis au niveau cantonal et national ne sont pas particulièrement forts à l’échelle locale. Les partis du district ont certes été actifs avant l’élection, mais les cinq groupes parlementaires du Conseil général se sont formés de façon indépendante. Ils s‘appellent «Entente bourgeoise» - le groupe de Peter Grünig - «Pluriel» ou «Pour notre commune». Seul Le Centre est représenté en tant que parti traditionnel dans le groupe «Le Centre - Indépendants». Les partis ne sont donc pas sortis renforcés suite à l’introduction du Conseil général.

«Courtepin n’était et n’est toujours pas une commune politisée.»

Martin Moosmann, syndic de Courtepin (FR)

Les séances sont menées en deux langues et les documents sont en principe aussi disponibles en deux langues; chacun et chacune parle sa langue et on part de l’idée que tout le monde comprend, note Peter Grünig. Si une chose n’est pas claire, il est possible de poser des questions. Le bilinguisme est vécu au quotidien dans la commune et ne suscite pas de grands débats, selon Martin Moosmann. L’administration communale compte ainsi aussi bien des fonctionnaires francophones que germanophones. Le français est toutefois davantage pratiqué dans la vie de tous les jours et dans les séances, conformément à la représentation linguistique dans la population. «Un membre francophone du conseil a ainsi fait remarquer que l’on parlait un peu trop l’allemand dans une séance», se souvient Peter Grünig.

La collaboration s’est améliorée

Peter Grünig et Martin Moosmann estiment tous les deux que la collaboration entre le législatif et l’exécutif est encore perfectible. Il y a une certaine insécurité en ce qui concerne les compétences des deux organes. Le président du parlement a certes suivi des cours auprès de l’Association des communes fribourgeoises, mais il précise qu’il faut simplement de l’expérience dans certains secteurs. «Les séances ressemblent parfois plus à celles d’une Assemblée communale que d’un Conseil général.» Des préoccupations personnelles ou des exigences sont présentées, alors qu’elles ne sont pas de la compétence de la commune.

«Par rapport au début, la collaboration entre Conseil général et Conseil communal est déjà bien meilleure», note Martin Moosmann. De nombreuses choses ont été éclaircies, même s’il faut encore un peu de temps pour que tout se déroule sans accrocs. Cela a déjà provoqué quelques frustrations. Certaines citoyennes et certains citoyens croyaient que tout irait plus vite grâce au Conseil général. En réalité, cela va plus lentement. Les conseillères générales et les conseillers généraux posent plus de questions auxquelles doivent répondre le Conseil communal et l’administration communale. Cette dernière n’a cependant pas plus de personnel qu’avant.

Conseils généraux dans le canton de Fribourg

Dans le canton de Fribourg, 27 des 126 communes ont un parlement, ce que l’on appelle un Conseil général. Selon la loi cantonale sur les communes, un parlement est obligatoire dans huit communes: dans tous les chefs-lieux de district à l’exception de Tavel, ainsi qu’à Villars-sur-Glâne et Marly. Toutes les autres communes peuvent introduire un Conseil général, pour autant qu’elles aient au moins 600 habitantes et habitants. Avec 80 membres, le Conseil général de la ville de Fribourg est le plus grand du canton.

Nadja Sutter
«Commune Suisse»
Rédactrice en chef
Traduction: Marie-Jeanne Krill