Andreas Ladner.

Au revoir, Monsieur communes suisses

28.03.2023
4 l 2023

Le politologue Andreas Ladner est subitement décédé le 7 février dernier. Il laisse derrière lui des années de recherches sur les institutions suisses avec une attention toute particulière portée à l’échelon communal.

Les communes et Andreas Ladner, c’est 30 ans de recherche et de promotion à travers des travaux académiques, des mandats et de l’enseignement. Il y avait d’ailleurs déjà consacré sa thèse de doctorat à l’Université de Zurich. Durant ses années à l’Université de Berne, le politologue va même monter un dossier pour obtenir un soutien du Fond national suisse pour créer un pôle national de recherche dédié au fédéralisme. La démocratie sera finalement préférée à la relation Confédération-cantons-communes, mais cela illustre cet engagement de longue date pour les institutions suisses.

Andreas Ladner rejoint ensuite l’Institut des hautes études en administration publiques (IDHEAP) en 2006, avant d’en prendre la direction en 2016. Il y devient un scientifique lausannois renommé et combine la perspective romande à ses connaissances fines des réalités suisses-alémaniques ou, comme le décrit l’actuel directeur de l’IDHEAP Nils Soguel, «le meilleur des deux mondes».

Expert reconnu au-delà des frontières helvétiques, notamment grâce à ses travaux sur l’indice d’autonomie locale – une étude qui vise à mesurer l’échelle de décentralisation de 57 pays – Andreas Ladner était également un habitué des médias, commentant avec finesse élections et votations populaires.

Son travail de chercheur a «marqué en profondeur le paysage académique des institutions suisses» avec, très fréquemment, les communes au centre de ses travaux. Une de ses recherches emblématiques est le monitoring global des municipalités suisses. Menée grâce à plusieurs vagues d’enquêtes depuis 1988, cette étude permet de suivre l’évolution des communes à travers le temps et constitue, selon Alexander Bastianen, «une base de données impressionnante». Ce dernier souligne l’attachement de nombreux municipaux à cette enquête qui se traduit, malgré un questionnaire de 18 pages, par un haut taux de participation. Ces recherches marquent «un tournant» dans l’étude de l’échelon communal car elles mettent en lumière «l’impact positif de l’autonomie communale».

Les qualités pédagogiques d’Andreas Ladner ont marqué plusieurs générations d’étudiantes et d’étudiants. Nils Soguel se souvient que «la connaissance fine du terrain» du politologue permettait d’illustrer des concepts a priori arides en y liant une touche d’humour «toujours au service de l’apprentissage».

Avec son décès, c’est l’une des figures emblématiques de la politologie helvétique qui s’en va.

Merci, Andreas.

Manon Röthlisberger
Association des Communes Suisses